Dans la zone de conservation de la nature de Ngoc Son Ngo Luong
Envie de retrouver la fraîcheur et l’air pur… Et le silence… Tout ce qui fait désormais souvent défaut dans les villes vietnamiennes. Partons pour les grands espaces de la très nouvelle zone de conservation de la nature, Ngoc Son Ngo Luong. Nous allons faire 150km, nous annonce M. Khan, notre guide. Quelques heures donc, sur une petite route assez fréquentée et très vite on retrouve les pitons rocheux caractéristiques du nord du Vietnam. Magnifique paysage fait de silhouettes karstiques qui se détachent discrètement, dans la brume.
Arrivés à Ngoc Son Ngo Luong, nous sommes accueillis par notre guide locale, Mme Khuyen, une jeune femme de l’ethnie Muong. Cette région est une des plus anciennes zones de peuplement de cette ethnie. Les Muongs (prononcez Meu-eung) constituent la plus grande des 53 minorités officiellement reconnues du Vietnam. Avec une population estimée à 1,2 million de personnes, ils habitent les régions montagneuses du nord du pays. Les Muong sont étroitement apparentés aux Vietnamiens Khinh. Ils sont linguistiquement proches d’eux mais culturellement plus proches des Tays, une autre minorité très présente dans le nord du pays et qu’on retrouve au Laos et dans le nord de la Thaïlande et du Myanmar.
Après notre premier repas traditionnel Muong, nous partons pour 3 heures de marche sur une piste sinuant au sommet des montagnes et à flanc de colline.
Peu de gens l’empruntent. Nous croisons seulement quelques mobylettes et des gens revenant de leurs champs. Vers la fin de journée, nous arrivons au village de Mu, où des enfants retrouvent la fraicheur du torrent de la montagne en s’amusant sur des petits radeaux de bambous, sûrement confectionnés par le père. Une colonie de canetons se baigne près d’eux.
Nous continuons notre marche à travers les rizières en terrasses, face au massif karstiques, jusqu’au village de Khuong. Le calcaire, contenu dans l’eau du ruisseau descendant la montagnes, a créé ici pleins de petites piscines naturelles, idéales pour s’y baigner. Nous allons à la rencontre des familles qui nous accueillent dans ce village pour 2 nuits. 3 familles sont choisies pour recevoir notre petit groupe de 6 personnes et donner ainsi à plus d’habitants une occasion de recevoir chez eux et participer à l’accueil en région rurale.
La nuit sera bonne, la température est agréable. L’humidité de la forêt autour de nous ajoute un peu plus de fraîcheur encore.
Le lendemain matin, nous partons à la rencontre des villageois, déjà à leurs tâches quotidiennes dans les rizières en terrasse.
En cette saison, ils cultivent du maïs. Ils replanteront le riz quand les grosses pluies reviendront, au mois de Juillet ou Août. Nous traversons des plantations et les villageois nous saluent, depuis leurs habitations traditionnelles. Beaucoup de familles semblent aimer vivre à l’écart du village principal, comme si ils voulaient profiter de la nature et du paysage idyllique. Ici, ils plantent différents fruits, des légumes, élèvent de beaux poissons…
Nous arrivons à la cascade de Mu. Le calcaire a, ici aussi, formé de belles piscines naturelles. Les jeunes des villages aux alentours ont fait le déplacement pour se baigner ici ou contempler la beauté de la nature avec leurs amours.
Le déjeuner pique-nique, et la sieste qui suivit, fut un grand moment de détente, à l’ombre d’un grand arbre, contemplant les rizières en terrasses, avec un vent léger pour faire descendre la température. Puis, une fois la fraîcheur de la fin de journée retrouvée, nous retrouvons des villageois travaillant dans leurs champs. Ils enlèvent les mauvaises herbes, à la bêche ou à la main. Nous passons ici la fin de journée pour les aider et retournons dans le village pour une bonne baignade dans le torrent.
Cette soirée avec nos hôtes fut bien arrosée.
Ils nous firent goûter à un de leur alcool traditionnel, une bière de riz fermenté dans une jarre et que l’on boit avec des pailles de bambous. Cette jarre se boit à plusieurs et donne l’occasion à pleins de jeux.
Le lendemain matin, c’est déjà le moment de dire au revoir à nos hôtes. Ce fut assez émouvant pour certains d’entre nous. Nous passons à l’école pour dire bonjour aux institutrices et aux enfants du village, Nous partageons des petits cadeaux, achetés à la ville toute proche et que les institutrices pourront donner comme récompenses aux plus méritants.
Nous marchons vers le village de Mon, passons aux pieds des montagnes, traversons d’autres villages et d’autres espaces de rizières et de culture. Le vert est toujours partout autour de nous. La brume donne un côté mystérieux aux reliefs karstiques qui se détachent comme un dégradé d’ombres chinoises. Après 2 heures de marche et une belle pause dans un café d’un des villages traversés, nous arrivons à Mon où nous sommes accueillis par une autre famille.
La mère est vraiment une excellente cuisinière. Elle nous a fait des plats encore jamais goûtés auparavant. Certains ont une présentation très originale, comme ce roulé d’omelette et de champignons noirs. Dans cette maison ouverte et aérée, nous terminons tous par une bonne sieste.
Au réveil, les gardes forestiers sont déjà là et nous amèneront à l’arrière de leurs mobylettes jusqu’au point de départ de notre petite aventure.
Encore quelques temps de bonheur, où tous ces paysages, ces habitations typiques, ces visages, fréquentés pendant ces 2 jours dans ce lieu vraiment en dehors du monde, défilent à nouveau devant nous.